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mercredi 10 avril 2013

Une présence très remarquée de la CSC au forum social mondial de Tunis

La CSC est active et présente au sein des forums sociaux mondiaux depuis l’origine, à Porto Alegre en 2001. Elle y participe en alimentant la réflexion et le débat dans ses domaines d’expertise, tout en s’ouvrant aux dimensions qui peuvent l’interpeller (pensons ici aux enjeux liés à la décroissance, pour ne prendre q’un exemple).

Cette année, le forum se tenait à Tunis, du 26 au 29 mars, et une délégation de la CSC y était présente; le moins qu’on puisse dire c’est que notre participation a été remarquée, tant par le dynamisme de notre équipe lors de la manifestation d’ouverture que par notre investissement dans les nombreux ateliers qui rythment ce grand rassemblement.

Si l’on n’en est plus aux records de participation du mitan des années 2000 (170 000 personnes en 2005 et 130 000 en 2009), il ne faut pas pour autant estimer que les forums sociaux ont cessé d’être utiles. Tout au long de leur histoire, ils ont été l’occasion d’avancées pour le mouvement alter-mondialiste mondial : à l’origine, ils ont permis de montrer que de simples citoyens, déterminés, pouvaient avoir un impact  jusqu’au plus haut niveau des décisions internationales. Ensuite, ils ont été la caisse de résonance des alternatives aux politiques néo-libérales et aux luttes contre l’omnipotence des multinationales.

Ces dernières années, ils ont permis au mouvement de prendre corps en Afrique et dans les pays arabes. C’est davantage qu’un symbole si cette édition se tenait à Tunis, là où a commencé le printemps arabe. Comment ne pas saluer cette initiative visant à remettre à l’avant plan la dimension sociale des révolutions arabes, au moment même où elles semblent glisser vers une sorte de confiscation religieuse du mouvement populaire ?

Pendant quelques jours, les débats ont été riches, passionnants entre des militants de différentes parties du monde, issus de mouvements très divers, autour des alternatives qu’ils mettent en place pour rendre un autre monde possible.

La CSC, au sein d’ateliers consacrés aux délocalisations, aux politiques en matière de soins de santé, de protection sociale, etc. a apporté son témoignage et a confronté ses analyses à d’autres points de vue et à d’autres réalités nationales.

C’était aussi l’occasion de revoir nos partenaires tunisiens au cours de rencontres de terrain particulièrement intéressantes.

C’est une génération plus aguerrie d’altermondialistes qui s’organise désormais et on est loin du bouillonnement sympathique mais diffus des origines. Il y a donc de quoi se réjouir et garder de l’optimisme, même si ces forums doivent trouver un deuxième souffle au moment même où les politiques néo-libérales sont les plus controversées.

C’est d’ailleurs la principale leçon de rencontres comme celles-ci : la crise, aussi profonde soit-elle, démontrant de façon aussi évidente que les politiques mises en oeuvre sont néfastes, ne génère pas d’elle-même un changement de société.

Il appartient aux acteurs sociaux, si divers soient-ils, de donner un sens et une cohérence aux contestations qui partout se développent.

Il ne s’agit plus de se demander si un autre monde est possible, mais de constater qu’il est désormais nécessaire.

dimanche 31 mars 2013

Voilà, c'est fini...


Samedi, le FSM se termine par une marche multicolore de soutien au peuple palestinien. Les délégations repartent de la place du 7 novembre 1987 et reprennent un parcours similaire à la marche d’ouverture, suivant l’avenue Mohammed V.

Enzo n’est plus là mais les camarades de Solidaires ont retenu ses leçons : nous assistons donc de nouveau à quelques charges du meilleur aloi.

Au fil du parcours, nous avons le temps de faire notre bilan. Nous avons participé à de multiples ateliers. Nous en avons animés certains, chaque fois avec l’ambition d’inscrire nos actions dans la poursuite la route d’un objectif à court terme (l’Altersummit nous attend à Athènes en juin), ou à plus long terme : montrer qu’un autre monde est possible et nécessaire,et nous donner les outils pour le façonner.

En approchant de l’ambassade de Palestine, le ciel nous fait le clin d’œil de quelques gouttes de pluie puis d’un arc-en-ciel. La Belgique nous attend dans quelques heures. Nous allons rentrer avec beaucoup d’images dans la tête. Et la certitude que notre travail participe à un projet de transformation du monde.

Merci au amis tunisiens pour leur accueil et leur organisation.

Voilà c’est fini, mais pas de rêver d’un autre monde !

Philippe Samek
Secrétaire Permanent Régional
CNE

samedi 30 mars 2013

Le réseau de Nanterre était à Tunis aussi !


Questions à Anne-Thérèse Destrebecq, permanente CNE pour les hôpitaux.

Le réseau de Nanterre, késako ?
Le réseau de Nanterre (appellation contrôlée : réseau contre la privatisation et la commercialisation des soins de santé et de la protection sociale) existe depuis mai 2012.Avec des syndicalistes de plusieurs pays européens : Pologne, Italie, Espagne, Grèce, France, Allemagne, etc… nous constatons l’érosion des systèmes publics de santé et de protection sociale. Nous avons donc décidé de nous opposer à cette dérive et avons déjà réalisés plusieurs actions en ce sens : le 14 mars lors de la journée européenne d’action syndicale, nous avons été reçus par les trois commissaires européens en charge de la santé et du bien-être, de l’emploi, et du commerce. Les 7 et 8 avril à Athènes, nous organiserons des ateliers dans le cadre de l’Altersummit. Et nous préparons une campagne d’interpellation des tous les candidats aux prochaines élections du Parlement Européen, en mai 2014, pour qu’ils mettent à leur programme électoral la lutte contre la commercialisation des soins, qui conduit en droite ligne vers l’exclusion sociale.

Quelle est la plus-value de cette paricipation au FSM à Tunis ?
Un peu comme pour l’Altersummit, un des objectifs était d’élargir et de renforcer le réseau. Le but est atteint : partout dans le monde, nous constatons que les mêmes logiques sont à l’œuvre. Le néo-libéralisme veut imposer la commercialisation de toute l’activité humaine. Des secteurs doivent être protégés contre cette ambition sans limite, et celui des soins de santé et de la protection sociale est évidemment de ceux-là. Un texte d’action commune en ce sens sera proposé aux ateliers de convergence du Forum.


Philippe Samek
Secrétaire Permanent Régional
CNE


Sur la route d’Athènes, petit détour par Tunis.



L’Altersummit, spin-off de la Joint Social Conference, a mis Tunis sur son itinéraire entre Florence et Athènes. Le but est de concentrer les idées issues de la logique « forum » pour en faire des revendications précises et les confronter aux décideurs.



La démarche européenne…
Depuis plusieurs mois, après un passage à Florence en novembre 2012, l’Altersummit (réseau de 230 organisations originaires de 20 pays européens) est occupé à organiser une revendication claire sur quelques axes précis : la dette et le rôle du secteur financier, la défense d’un modèle social solidaire, et la transition écologique. Le but est de formuler ces revendications lors du sommet européen de juin 2013. C’est Athènes qui a été choisie comme lieu d’expression de ces revendications, pour marquer notre soutien au peuple grec.

… s’étend au monde.
Pour Yves Hellendorf, qui co-animait ce jeudi un atelier au forum, « venir à Tunis était une opportunité de faire connaître le projet Altersummit et de le partager avec nos amis du Sud ». Le cliché de l’Europe forteresse en prend vite un coup quand on voit, selon les mots de participants tunisiens, qu’il y a maintenant « des pays d’Afrique en Europe ».
Yves Hellendorf ajoute : « De nouvelles demandes surgissent. Les Tunisiens veulent venir à Athènes pour soutenir la démarche. Des Brésiliens proposent de créer des Altersummit par continent… Peut-être devrons-nous ajouter à la charte que nous publierons fin avril un chapitre sur la mondialisation de l’Altersummit ! ».

Philippe Samek
Secrétaire Permanent Régional
CNE
 

vendredi 29 mars 2013

Rencontre avec Patricia, militante CNE qui participe au Forum social mondial


Rencontre avec Patricia Pinxteren, militante CNE dans le centre d’appel Sitel

Patricia, quel est ton objectif en participant au FSM ?
Je suis là comme membre d’un réseau qui regroupe des syndicalistes actifs dans des centres d’appels des 4 coins du monde : Belgique, France, Pays-Bas, Espagne, Maroc, Tunisie, Argentine,… Je viens pour témoigner, comme travailleuse, des problèmes que je rencontre au quotidien. C’est un secteur où on perd sa vie à la gagner. Après quelques années, le corps craque de partout. Troubles auditifs dus aux écouteurs, visuels liés au travail sur écran, maux de dos dus à la station assise prolongée, etc. Moi-même, je souffre de surmenage vocal sévère. Notre réseau organisait aujourd’hui un atelier sur le sujet où nous avons pu mesurer que partout dans le monde, les multinationales épuisent sans scrupule leurs employés.

Le réseau organisait aussi des ateliers plus politiques ?
Oui. La plupart des centres d’appels appartiennent à de grandes multinationales. Nous avions donc un atelier sur les délocalisations, et un autre plus général intitulé « les multinationales à l’assaut de l’Afrique ».  Il faut organiser la résistance au-delà des frontières pour lutter contre les délocalisations, mais aussi pour contrer cette nouvelle forme de colonisation qui exploite les travailleurs d’Afrique au profit exclusif de sociétés multinationales. Le travail est presté en Afrique, mais ne profite pas aux Africains.

C’est ton premier FSM, quelle est ton impression ?
Je suis impressionnée par l’accueil des Tunisiens, et aussi par le nombre et le foisonnement des militants de toutes causes qui veulent que ça change. A titre personnel, je suis contentd’avoir pu apporter un soutien direct aux amis de l’UGTT en grève au siège tunisien de TeleperformanceJ’apprécie aussi de voir que mon travail de déléguée dans mon entreprise trouve un prolongement concret dans des luttes plus larges, aux niveaux nationaux et internationaux.

Philippe Samek

Secrétaire Permanent Régional
CNE

jeudi 28 mars 2013

Le Forum Social Mondial : ce contre-pouvoir indispensable ?

Le corps humain (belge) est ainsi fait : il s’habitue allégrement à la chaleur tunisienne et se prend
déjà à craindre le froid polaire qui sévit dans notre plat pays. Pour une bonne partie de la délégation
qui s’envole demain matin pour Bruxelles, ces perspectives n’ont rien de très réjouissantes. Mais
c’est le cœur et la tête remplie de chaleurs humaine et idéologique que nous rentrons « à la
maison ».

Cette journée n’a pas fait exception à la règle. Après avoir rencontré la CGTT, une rencontre a été
organisée entre l’UGTT et notre délégation. Principal syndicat du pays, l’UGTT a joué un rôle-clé (bien que parfois équivoque) dans le renversement du régime. Pour certains, l’UGTT est devenu, à l’image de Solidarnosc en Pologne, un mouvement social. Nos discussions matinales nous ont permis de comprendre que l’UGTT entend capitaliser son aura et ne veut reconnaître le pluralisme syndical qu’à de très strictes conditions. Cela étant, on sent que le printemps arabe tunisien est passé par là, car
les dirigeants rencontrés nous ont mentionné que les réformes internes sont nombreuses : réflexions
autour de quotas pour permettre aux femmes d’être représentées puisque pour le moment, aucune
femme n’est présente dans le Bureau exécutif... Et avec pas moins de 50 « centrales », le syndicat est
bien conscient qu’il faut rationaliser tout cela pour plus d’efficacité.

Nos rencontres nous ont permis de comprendre que les structures syndicales cherchent chacune
à faire leur place dans cette nouvelle Tunisie et qu’à ce titre, elles sont très critiques vis-à-vis de
leurs homologues. Seul l’avenir nous dira ce qu’il adviendra de la nouvelle morphologie du paysage
syndical. Entre-temps, on peut se réjouir des acquis du printemps arabe qui n’a pas seulement
engendré un processus de réformes au sein du monde politique et des droits humains (liberté
d’expression, liberté d’association…) mais aussi à l’intérieur même des organisations sociales.


Après-midi : retour sur le campus. Alors qu’on pouvait être déçu (subjectivement ?) par l’assistance
de la veille, ce jeudi, il y a foule, une « sorte de festival » dira l’une d’entre nous. C’est vrai qu’il y a
de ça et que dans certains ateliers, la teneur des débats n’a pas rencontré toutes les attentes. Mais
l’essentiel est-il là ? N’oublions pas qu’historiquement, les Forums Sociaux Mondiaux se mobilisaient contre le G7 (ou le G8 ou …), soit le conclave des grandes puissances réunies entre elles pour dicter la face ultralibérale du monde. En tant que tel, le FSM n’a pas perdu de sa superbe et Bon Dieu que ça fait du bien !

PS : Pour nos afficionados, ne vous inquiétez pas : Dominique et moi quittons la Tunisie mais nous
laissons nos plumes entre de bonnes mains. Merci déjà à elles.


mercredi 27 mars 2013

Manifestation d’ouverture du forum social mondial - la CSC enflamme la marche

Hier en fin d’après-midi avait lieu la grande manifestation d’ouverture du forum social mondial.
La délégation de la CSC se trouve depuis samedi à Tunis car elle avait programmé de nombreuses rencontres avec des responsables syndicaux du pays hôte.
Mais une manifestation, c’est aussi notre rayon, si on peut dire...

Toute notre délégation s’est donc rendue jusque l’avenue Mohamed-V qui s’est progressivement remplie d’une foule venue des quatre horizons de la Planète. Nous n’étions pas la plus grosse délégation, ce qui est logique, mais nous étions parmi les plus remarqués, avec nos tee-shirts appelant à un travail décent, nos ballons d’un vert très vif, nos foulards, nos sifflets et notre enthousiasme communicatif...

Sous la houlette d’un métalo, une manifestation prend tout de suite une autre allure !

Et plutôt que de défiler «à l’ancienne», ces sont des «charges» bon enfant qui ont littéralement endiablé un cortège très impressionnant. C’est même notre petite délégation qui a fait la «une» du plus grand quotidien de la place de Tunis ce matin !

«L’avenue Mohamed-V, la plus grande artère de la capitale, n’a jamais connu une aussi grande foule
que celle d’hier» est même l’entame de l’article de Nizar Hajbi, journaliste vedette du quotidien La Presse.

Tout au long du cortège, les calicots et drapeaux constituaient un rappel, aussi coloré que déterminé,
des revendications des associations participants à ce forum : la paix, bien sûr (et l’on sait que la situation au Proche-Orient est un sujet des plus sensible ici), mais aussi un développement durable, la reconnaissance des droits des minorités et les combats pour la protection sociale.

C’est donc parti pour cinq jours d’ateliers, de forums, de rencontres où toutes ces questions seront débattues dans une ambiance tout à la fois festive mais extrêmement responsable. Chacun dira et écoutera, pour qu’émergent des positions communes et des chemins communs pour construire un monde où inclusif et durable.

Tout à l’heure, nous participerons à la «soirée des Belges» à l’Ambassade de Belgique.
N’excluons pas que la soirée se prolonge par des discussions bien vives, de celles dont nous avons le secret...